BILLY BOY E LA SUA BANDA

Tiré de « Une vie pour rien ? » n°4-Juillet 1999

Vous avez peut-être déjà entendu Billy Boy puisqu'ils ont déjà sorti trois EP ou au moins pour leur morceau, la bière gratuite pour les skins, sur la compilation “Dare to Defy”. Leurs disques sont un mélange de oi! de Hard core et de gros délires aussi bien pour la musique (intro guerre des étoile ou surtout, à ne pas rater, la reprise de “TNT” version italienne) que pour les paroles. De plus, ils sont très sympathiques, voilà donc l'interview avec Carlo, le batteur fondateur du groupe, qui écrit les chansons et fait le label Durango 95.

Peux-tu nous présenter le groupe? Comment vous êtes- vous formés?

Je connaissais Alessandro et Enrico (Kurma), il y avait également un Marco mais il ne joue plus avec nous, il aimait plutôt d'autres styles de musique. A l'époque (il y a 5 ans environ), j'écoutais les Adicts et Blitz 24h sur 24 et je voulais faire quelque chose dans le même style. Le problème c'est qu'aucun d'entre nous n'avait jamais joué d'un instrument (moi-même j'étais à la guitare à ce moment), ce que nous faisions ne ressemblait donc en rien ni aux Adicts, ni aux Blitz. Ensuite, Claudio est arrivé ainsi que l'autre Carlo qui faisait TNT: maintenant il ne joue plus avec nous donc on ne la fait plus, mais il y a un groupe de Milan, Fotuttissimi Blue jeans qui fait la reprise de notre version. Leur chanteur a la même voix que Carlo. Maintenant nous jouons avec la formation suivante: Carlo (batterie), Kurma (voix), Claudio (voix), Paolo (guitare) et Mauro (basse). Nous disons que nous sommes un groupe punk, mais tout en écoutant beaucoup de oi!, et aussi pas mal de HC, mais également d'autres types de musique comme du Psycho, R'n'R, Surf, Garage. En ce qui concerne les paroles, nous n'avons jamais fait de politique, nous voulons juste, quand nous jouons, apporter un peu de démence dans la salle. Nous avons toujours eu deux chanteurs, quelquefois deux guitares, au début, nous avions même un harmonica et une fille au chœur et puis de line-up en line-up nous avons décidé de garder celui-là, qui est le plus puissant. Personnellement, je joue également dans un autre groupe, les Michael Myers, quelque chose entre Misfits et Motorhead mais avec un guitariste trasher, donc solo à gogo!

Pourquoi as-tu formé le groupe à l'époque?

Il n'y avait rien à Piacenza, pas de local, pas de groupe. On devait toujours se déplacer pour voir les concerts, donc je me suis dit “je vais jouer aussi”, et maintenant ça me plaît vraiment.

Pourquoi avez-vous choisi le personnage Billy boy?

C'était trop facile de prendre l'image d'Alex et des Droogs, il fallait se mettre un peu du côté de ceux qui prennent les coups. Enfin nous ça va, nous avons Enrico pour nous défendre. Il est tellement imposant qu'une fois un gamin est venu me voir après un concert et m'a dit “c'était bien mais je préfère quand c'est le vrai chanteur qui chante”, il croyait que Carlo (l'autre chanteur) était juste quelqu'un du public qui était monté sur scène comme ça... Enrico c'est le plus vieux (33 ans) et c'est un petit peu une légende ici. Tu peux aller dans n'importe quel bar de la région, le barman lui offre à boire, le temps d'arriver jusqu'au bar, un verre l'attend déjà. Il a joué dans un groupe psycho avant et nous avons également fait un autre groupe avant Billy Boy, il était sensé jouer de la basse mais en fait il n'a fait que coller des autocollants sur la basse qu'on nous avait prêtée, nous jouions sans basse.

Est-ce que vous jouez souvent? Où?

Après 6 mois, nous avions fait 6 concerts, après nous nous sommes arrêtés un moment, mais maintenant nous jouons une ou deux fois par mois. Nous faisons très rarement des concerts à Piazenza, le dernier faisait de la peine, nous étions tous malades, on n'entendait rien et nous faisions pain sur pain. En fait il est facile de se déplacer en Italie car les villes sont très proches les unes des autres (excepté le sud où il n'y a rien, niveau groupes/concerts), et puis à Piacenza, nous sommes au milieu.

Tu me disais que tu n'aimais pas jouer dans les centres sociaux?

Non, seulement dans certains. Ça dépend de qui les gère et organise. Dans certains, les gens n'en n'ont rien à foutre des groupes et ne comprennent rien. Par exemple, nous avons joué à Leoncavallo, tout le monde était au fond à fumer et personne ne regardait le groupe. Mais d'autres sont de très bons endroits pour jouer et gérés par des gens sympathiques.

Quels ont été vos meilleurs concerts?

Celui à Vigevano était bien. Le son était parfait et puis les autres groupes m'ont dédié trois chansons. Et puis celui de Bustarcitzio, hammerskins à part. C'est la première fois que nous avons joué sans nous tromper. D'habitude, je change toujours quelque chose, je ne peux jamais me rappeler des morceaux entiers à la batterie. Ce soir là, il y avait un gars avec un drapeau italien dans la salle, il a commencé à faire le salut romain, alors notre bassiste s'est énervé et il lui a montré son étui de basse en lui disant “tu sais ce qu'il y a là-dedans, il y a une tronçonneuse alors maintenant je vais descendre et couper quelques mains!”, apparemment le gars l'a cru car il s'est barré et on ne l'a plus jamais revu. Le même soir, il y a un autre hammer, il regarde les disques que je vendais, il en prend un au milieu, c'était SHARP Sound connection, et il me dit “c'est quoi ça?”, je lui dis que c'est du ska, il le remet dans le bac et puis au moment de me payer d'autres disques qu'il m'avait pris, il regarde à droite, à gauche et il me dit: “finalement je prend aussi celui là” et il est parti avec...

Tu es très critique envers les textes des autres groupes, c'est très important pour toi? Peux-tu nous parler de certains de vos textes pour ceux qui ne comprennent pas l'italien (et même ceux qui comprennent)?

Oui, c'est la première chose que j'écoute pour les groupes italiens. Tout le monde peut jouer bien mais faire un bon texte c'est déjà plus dur. Nous ne faisons pas de la dance. Je veux qu'un texte parle de quelque chose de vécu, je n'aime pas les choses déjà faites ou les textes mythos. Les textes un peu stupides me plaisent lorsqu'ils sont bien faits et marrants. Mais j'aime également beaucoup les textes “réels” , sur la vie de tous les jours, comme ceux de Rappresaglia, ou ceux du deuxième album, “Faccia a Faccia” de Klasse Kriminale, on sent que le jour où ils ont été écrits, c'était vraiment le bon jour. A propos de nos textes, le dernier (ndlr: qui est sur le EP avec le zine) me plaît beaucoup. C'est l'histoire d'un gars qui passe toute sa journée au pub, il ne sait même plus où il est, il ne se reconnaît plus dans le miroir et en fait, il est attaché à son tabouret et il se retrouve obligé de ramper avec son tabouret collé pour aller pisser...

Sinon, “Ex-punk”, c'est l'histoire d'un groupe anarco-punk à chien, ultra anarchiste, ultra-engagé, mais ils se font engager par Nestlé pour faire la musique de la pub. Au début ils sont un peu sceptiques mais quand ils voient que lorsqu'ils jouent le frigo est tout le temps plein, à boire, à manger, ils se disent pourquoi pas?

Vous n'avez aucun message à faire passer?

Non, je veux juste qu'on s'amuse et que les gens qui nous écoutent s'amusent. Nous n'avons rien à apprendre à personne. Quand quelqu'un écoute ce genre de musique, c'est qu'il a déjà ses idées et une démarche proche de la nôtre. Il y a d'autres groupes pour les choses plus sérieuses, et il en faut, bien sûr mais moi je n'en suis pas capable. Nous sommes faits comme ça, ça ne me vient même pas en tête de dire des choses sérieuses. Je préfère être franc et n'écrire que sur des conneries. Je préfère que les gens rient en nous voyant plutôt que de rire de nous.

Est-ce que ça te parait bien que ce soit une seule personne qui fasse tout dans le groupe?

Quand tout va bien, c'est parfait mais dès que quelque chose ne va pas, qu'un concert est annulé par exemple, ça retombe sur toi. Enfin ça a toujours été comme ça, c'est moi qui aie tous les contacts, la distribution. Mais si quelqu'un dans le groupe veux sortir un disque, ou faire quelque chose, il le fait, je ne suis pas le papa!

Pourquoi avez-vous choisi de vous autoproduire?

Au début, c'est parce que je me suis dit que personne ne voudrait de toute manière nous sortir un disque. Nous avons donc tous mis un peu de notre poche, mais je pense que de toutes manières, c'est le meilleur moyen de sortir un disque car de cette façon tu contrôles tout. J'avais contacté le groupe allemand Crop n°1, qui avait sorti un 45T, pour une compile, ils m'ont dit qu'il fallait voir avec leur label, à qui appartenait les chansons... Nous ne sommes pas Michael Jakson, nous avons joué et écrit ces chansons, nous voulons savoir où elles vont, et qu'elles n'arrivent pas chez quelqu'un pour des questions d'argent.

Es-tu content de vos prods?

Moi il n'y en a pas une qui me plaît, j'entend toutes les erreurs que nous faisons. Le troisième qui va sortir ces jours-ci me plaît plus, avec la nouvelle formation. Nous avons changé la basse et la guitare, maintenant il n'y a plus que moi qui joue mal.

Ton top 5 universel du moment?

C'est impossible! Bon, si tu arrives à me donner le tien, je t'en donne un.

C'est un défi?

Plastic Surgery “Rivolta”

Nabat “Troia”

Reazione “contro il muro”

L'infanterie Sauvage “Nuits blanches”

Groupuskull “Maitrise ta bière”

 

Bon d'accord:

Side Burn tout

Klasse Kriminale “Faccia a Faccia” LP

Rappresaglia “attack”

“Disperazione”

Stato Brado “Cooperative”

Che notte “Fred Buscalione”

Hope and Glory “Senza patria”

Que penses-tu de:

Klasse Kriminale ?

Je préférais au début mais la formation actuelle est d'un très bon niveau musical. J'aimais également beaucoup la formation avec Betty et Riccardo, qui était très bien en concert. Ceci dit, Ballestrino ne chantera jamais dans le rythme, ni dans le ton d'ailleurs. Ah oui, aussi il devrait arrêter de faire “If the kids...” et “Borstal Breakout”, on en a vraiment marre.

New city rock ?

Le deuxième EP n'est pas si mal, même pour les textes mais bon ça ne m'attire pas tant que ça. Et puis ça ne me paraît pas très crédible quand tu as été tellement engagé pendant tant d'années de s'arrêter d'un coup et de faire comme si de rien n'était. Pour moi, quand tu commences quelque chose comme ça, tu n'en sors pas facilement. C'est comme si nous devenions un jour un groupe RAC, ce n'est pas possible, nous parlerons toujours de bêtises dans nos chansons.

Les bootlegs de Nabat et des prods CAS Rd ?

Ils devraient coûter moins. Le principe c'est que tout le monde puisse les avoir, pour moi. Mais je suis content qu'ils aient été faits: c'est normal que tout le monde ait la possibilité d'écouter les disques des années 80, et pas seulement sur cassette.

Tu fais un label, une distribution, mais tu ne gardes aucun disque, pourquoi?

L'objet me plaît, mais je n'ai jamais rien collectionné. Je préfère les offrir, ça me fait plaisir. Mais c'est vrai que si sur le moment, je les donne sans problème, souvent après je regrette. Pour nos disques, j'essaie quand même d'en garder pour moi mais par exemple je n'ai plus que la copie de la démo. Enfin, l'avantage, c'est qu'on m'offre toujours à boire!

Alors tu préfères boire qu'écouter de la musique?

Oui, mais boire et discuter, car quand tu écoutes un disque, tu dois rester silencieux. C'est pareil aux concerts, je suis toujours aux 4 coins de la salle à discuter. Et puis un disque, ce n'est jamais qu'un bout de plastique, ce qui m'intéresse c'est ce qu'il y a à l'intérieur. Mes production sont moches, et j'espère qu'elles ne deviendront jamais des collectors.

Qui est Super Barrio Gomez, dont vous parlez sur le premier EP?

C'est un type au Mexique, qui se pointe aux manifestations habillé en catcheur, c'est le super-hero des pauvres. J'en avais entendu parler donc on l'a mis sur le disque. Je pensais que c'était un allumé, juste comme ça, mais j'ai appris ensuite qu'il faisait vraiment de la politique, donc on ne l'a plus utilisé. Et puis en fait c'était un personnage qu'on ne connaissait pas, on n'avait pas à l'utiliser pour le groupe.

Le futur?

Pas d'album, c'est trop dur, tu dois prendre un bon moment pour le faire bien, et nous les choses bien faites nous n'en sommes pas capables.