THE LAST RESORT

Tiré de « Une vie pour rien ? » n°6-Janvier 2004

The Last Resort est probablement le groupe skinhead/ oi! par excellence, peut-être leur nom, associé au logo du skin crucifié y est-il pour quelque chose, mais surtout leur album, “Skinhead Anthems”, La pochette, LE son oi! , mid-tempo, la patte anglaise et des paroles dans lesquelles beaucoup se sont reconnus. Reformés récemment avec Roi Pearce au chant et des musiciens venus notamment d'Anti Nowhere league, ils ont joué à Berlin au festival “Punk and Disorderly”. Un set moitié 4-Skins période Roi Pearce, moitié Last Resort. Pas mauvais, les morceaux fidèles aux originaux et bien joués, mais bon à vrai dire, la troisième formation de 4-Skins avec Roi Pearce ne vaut pas la première avec Gary Hodges au chant, et puis c'était annoncé Last Resort, alors n'avoir que 8-9 morceaux du groupe c'était un peu frustrant. Mais bon, une date prévue sur Paris fin janvier, tout le monde dans la scène ne parle que de ça un mois avant et un mois après, le concert annulé suite à une dénonciation anonyme, et le groupe qui vient quand même nous rendre visite et passer une journée sur Paris (où aucun membre n'a jamais mis les pieds) même s'ils ne jouent pas, vu que les billets de train étaient déjà pris. L'occasion pour nous d'interviewer Roi Pearce, fondateur du groupe, en compagnie de Daniel Chéribibi. Et pour commencer, revenons un peu sur l'histoire du groupe.

Ancien roadie de Menace et hooligan à Milwall, Roi Pearce, au début de l'année 80 tombe sur The Rivals, un groupe de punk qui répète dans son pub local. Il a le déclic et décide de former un groupe. Il prend des cours de basse avec Arthur Kay, et s'entoure de Charlie Duggan à la guitare, Saxby au chant, et Andy Benfield à la batterie. Il traîne souvent au « Last resort », la boutique skin, le rendez-vous des rasés londoniens à l'époque. Il connaît d'ailleurs bien le tenancier, Micky French, supporter de Milwall comme lui. Il lui demande donc l'autorisation de reprendre pour son groupe le nom du magasin. La traduction littérale est « Le dernier recours », mais c'est aussi une allusion à leur ville « Herne Bay », station balnéaire et dernier arrêt en venant de Londres avant la mer. Micky French devient à la même période manager du groupe. Arthur Kay, vieux baroudeur du rock, s'intéresse très tôt au groupe, il leur permet de donner leur premier concert au « New Dolphin » en première partie de son groupe de ska The Originals. Puis il les emmène enregistrer 3 titres aux studios Europa de Folkestones, ces titres sortent sur la cassette single « Violence in our minds ». Ils commencent à se faire un nom et attirent l'attention de Gary Bushell et donc de Sounds. Mais à ce moment, Saxby quitte le groupe sous la pression de sa copine. Ce sera finalement pour le mieux puisque c'est alors Roi qui prend le chant en se faisant remplacer à la basse par Arthur Kay. Plutôt la classe d'avoir un musicien comme Arthur Kay, plus vieux (31 ans), même s'il n'est pas skin, d'où sa légendaire casquette. On est au début 81 et le 4 Mars a lieu le premier concert avec la nouvelle formation, à l'Acklam Hall à Nothing hill Gate dans Londres (voir article Sounds). Leur set est apprécié, mais par contre Infa Riot qui leur succèdent ne jouent pas longtemps, une bande de skins et Soul Boys de Ladbroke Grove, à côté, déboule batte à la main pensant trouver des supporters de West Ham (qui ne sont pas là vu que West Ham joue ce soir là et puis Last Resort c'est plutôt Milwall en plus…). En tout cas, le concert se termine en grosse bagarre et c'est la début de la sale réputation pour Last Resort, celle des groupes oi ! en général ayant déjà commencé avant. Deux semaines après, ils enregistrent leurs deux titres pour la compile « Stengh thru Oi !  », puis commence une petite tournée anglaise. Une des dates est celle de Southall (avec 4-Skins et Business), on ne va pas s'éterniser dessus, tout le monde connaît l'histoire, vite fait la date se déroule au milieu d'un quartier asiatique et les jeunes du quartier incendient le pub à coups de cocktails Molotov, croyant avoir à faire à des supporters du National front.

C'est le début de la fin pour le groupe, la compil Strengh thru oi ! est retirée de la vente, et comme pour tous les groupes Oi ! , les concerts sont désormais pratiquement impossibles à trouver. En attendant que ça se calme, Micky French leur fait enregistrer leur album. Toujours dans le même studio, en 4 pistes, l'enregistrement est torché en 2 week-ends. L'album est produit par Chris Ashman, le producteur de Arthur Kay, d'ailleurs le saxo sur l'enregistrement est celui d'Arthur Kay également. L'album aura un succès rapide chez les neusks de toute l'Europe. Il sera repressé plusieurs fois, le pressage original est en rouge, puis il y a un pressage bleu, et quelques copies existent en noir et blanc. Le premier pressage était vendu avec le catalogue de la boutique « Last Resort ». Le pressage à l'époque est estimé en général entre 10 000 et 15 000 exemplaires mais il est difficile de savoir vraiment, et depuis il a été repressé, notamment par Captain Oi ! en Vinyle LP et Picture Disc et en CD, et les chiffres doivent être bien plus importants. Après l'enregistrement le groupe fait deux concerts, le dernier, au « King ‘s Lynn » encore une fois dégénère, ça en fait trop, le groupe décide d'arrêter. Le LP ne sortira qu'après. Le groupe tente une reformation un peu plus tard sous le nom de Warriors (seul le batteur diffère), ils font deux concerts et enregistrent 3 titres, un sera sur « Oi ! that's yer lot », un sur « United Skins » et un « War Widow » a disparu à notre connaissance. Puis ils splittent vraiment cette fois, Roi s'en va chanter dans 4-Skins peu après. En 85 il jouera dans un groupe Heavy Metal, Taro, puis en 1988, Link les contacte pour rééditer leurs anciennes prods. Roi en profite à ce moment pour reformer un groupe en s'entourant d'autres musiciens, ils enregistrent l'album « 1989 » sous le nom de The Resort avec notamment des versions de titres de Last Resort, 4-Skins, Warriors, mais un son plutôt Heavy Metal. Il forme ensuite The Heavy Metal Outlaws avec notamment Steve Whales de Business, ils joueront un petit moment et sortiront deux CDs single. Il y a quelques années, The Warriors se refoment avec Arthur Kay, Saxby, ils joueront à Creil entre autre le 13 Septembre 98, et ils jouent peut-être encore, mais cette reformation sans Roi Pearce, à vrai dire, n'a pas convaincu grand monde. Celle plus récente avec Roi, et des musiciens d'Anti Nowhere League est bien plus convaincante, et c'est celle-ci qui a joué à Berlin et doit jouer au Oi ! en France.

Sources : Un monstre est en moi, Teenage Warning, Sounds.

Ben : Bon par quoi on commence ?

Dan : Heu, je ne sais pas... Que s'est-il passé ce soir ?

Ben : Oui, qu'attendiez vous de cette virée sur Paris ?

Roi : Ce soir ? C'est vraiment dommage que ce concert soit annulé ! Il y avait tellement d'argent dépensé en tickets et frais annexes... On ne sait pas trop pourquoi, mais y'a un truc qui a chié ! Ce n'est pas de notre faute ! Mais c'était sympa de venir ici, de rencontrer des gens, c'est un endroit sympa et on reviendra certainement pour jouer un autre concert !

Ben : C'était sympa de vous voir jouer à Berlin le mois dernier. Quand avez vous reformé le groupe ? Comment vous est venue cette idée ?

Roi : On a commencé il y a quelques années. Pleins de gens voulaient nous revoir jouer... Oh, je vous présente Keith ! Il est magique, c'est notre guitar héro ! Un vieux pote depuis des années ! On jouait tous les deux dans les Heavy Metal Outlaws au début des années 90. Il jouait aussi dans Anti Nowhere League avec John, notre batteur !

Keith : Oui ! Je n'avais jamais joué avec Last Resort , alors on s'y est mis...

Ben : A Berlin, vous aviez l'air ravis de jouer devant tous ces punks et skins !

Roi : Oui, on a adoré !

Ben : Dans les années 80, vous n'aviez jamais joué en Allemagne ou en Europe avec Last Resort  ?

Roi : Non, parce qu'après les évènements de Southhall, tout est parti en couille ! On était dégoûtés et plus personne ne nous proposait de concerts. Ca ne valait plus le coup de continuer ! Mais maintenant, on est super motivés !

Dan : Les événements de South Hall, c'est quand même sacrément loin tout ça ! Vous avez encore des problèmes avec ça ?

Roi : South Hall reste encore dans les mémoires. Ça reste un élément qui revient souvent et qui continue à nous pourrir notre réputation. Quand ça revient sur le tapis, moi je dis ‘c'est loin tout ça', mais ça nous colle à la peau !

Keith : Je pense que ça restera toujours dans les mémoires...

Ben : Toujours à propos de South Hall, la version officielle (des médias), c'est qu'il y avait plein de skins dans le quartier et que parmi eux, il y avait des supporters du National Front qui ont provoqué les locaux... C'est quoi ta version ?

Roi : La vraie version !? Il y a eu du grabuge entre les organisateurs du concert – avec Business, Last Resort, 4-Skins – et les chefs de la communauté asiatique locale. Ils ne voulaient pas de concert Oi! dans leur quartier. Les organisateurs ont bien essayé de trouver une solution, mais la communauté asiatique n'a jamais voulu ! Le résultat, on le connaît : le pub bombardé au cocktail Molotov avec tout le monde à l'intérieur et pris d'assaut ! Les bastons, elles n'étaient pas dans la rue, mais bien dans le pub !

Ben : Oui, mais les médias ont dit que des skinheads avaient provoqué des bastons et fait de la provoc dans ce quartier avant.

Roi : Peut-être ! Je ne sais pas vraiment ! Nous, nous étions à l'intérieur avant le concert, en train de faire le sound-check. On ne savait pas ce que les gens faisaient dans la rue !

Dan : Ceci dit, c'est quand même incroyable qu'un petit concert ait eu un tel impact ! Même Margaret Thatcher en a parlé quand elle parlait de crucifier tous les skinheads !

Roi : Exactement ! Ce concert a été le début de la fin ! Après ça, tout le monde nous prenait pour des nazis ! Et ça, c'est difficile de s'en débarrasser ! Même aujourd'hui, il y en a encore qui croient que je suis un nazi ! Les gens ne vous laissent aucune chance !

Dan : Et après ?

Roi : On a continué 6 mois, et comme on ne trouvait plus de concerts, on a laissé tomber. On a sorti notre album ‘Skinhead Anthems' juste après le split. Notre manager avait merdé avec les labels pour le sortir avant.

Dan : Et après Last Resort , tu as fait quoi ?

Roi : J'ai rejoint les 4-Skins entre 1983 et 1984, puis j'ai joué dans les Heavy Metal Outlaws . J'ai quitté ce groupe par la suite parce que je n'appréciais plus le chemin qu'il prenait. Pas assez rock ! Mais maintenant, tout a l'air beaucoup plus accessible, on va jouer pour une nouvelle et jeune génération. C'est un nouveau départ !

Dan : Tu ne crois pas que les anglais reconnaissent les skinheads comme une part de leur culture maintenant ? A Londres, j'ai vu une pub avec des skins qui posaient pour Ben Sherman  !

Roi : Oui, c'est plus accepté qu'avant !

Ben : : Sur le dos de l'album, il y a cette phrase : ‘This is the age of the old youg man, 10000 chapters have been already written, yet much for the truth still forbidden'... Ça vient d'où ?

Roi : Elle n'était pas sur l'original ! Elle a du être rajoutée lors d'une réédition. Je ne la connaissait pas... (ndr : après vérification elle est sur l'original)

Dan/Ben : Pourquoi avez-vous formé le groupe au début ?

Roi : Il y avait tellement de trucs qui se passaient dans le monde de la musique à ce moment. Comme on traînait pas mal dans la boutique ‘Last Resort', on s'est dit pourquoi ne pas utiliser ce nom ? Nous, ce qu'on voulait en fait, c'était faire de la musique de rue et avoir des embrouilles ! (Rires gras)

Keith : Pas le choix ! Ma vie est trop paisible, donc je monte un groupe pour avoir des embrouilles ! (Rires)

Ben : Tu dis aussi dans une chanson : ‘Football matches and rock'n'roll make us a little out of control... (« les matches de foot et le rock'n'roll nous rendent un peu hors-contrôle »)

Roi : ... and the only way I can make a stand'. (« et c'est la seule façon de me faire entendre »). C'est ‘Rebel with a cause' ! Ca dit en gros : ‘garde la tête haute et rien à foutre du qu'en dira-t-on ! '...

Ben : ... et aussi ‘We've got nothing to hide'

Roi : Oui, on n'avait rien à cacher, on voulait juste montrer les choses telles qu'elles étaient. On écrivait sur la vie de tous les jours à Londres, sur la vraie vie ! Tu sais, le mouvement Oi ! était vraiment un mouvement dur, assez violent, sanglant et bordélique à souhait ! Les médias l'ont trouvé effrayant et ils nous ont bien enculés !

Dan : Ca semble être une période assez amère ! Un type comme Gary Bushell, qui a été dans cette scène et a créé un label, il a ensuite écrit pour le Sun des histoires sur les skinheads. Il a joué sur les deux aspects du mouvement !

Roi : Oui, il était journaliste et c'est bien là une attitude de journaliste !

Ben : Dans la chanson ‘Violence in your mind', les paroles sont super basiques... ça ne parle que de bastons et de violence. Comment vois-tu ça avec du recul maintenant ? C'était ça la vie ?

Roi : Oui, c'était ça ! Une culture violente, une époque violente... Tout le monde avait besoin de fric, tout était pourri !

Ben : On trouve aussi une autre espèce de violence dans les paroles, mais cette fois une violence plus ‘sociale', par exemple ‘taking to the rich and all the poverties on display' (dans ‘Freedom'). La situation sociale à cette époque était si...

Roi : ... pas qu'à cette époque !  ! L'Angleterre a toujours son système de classes, officiellement ça n'existe plus, mais quand tu rencontres différentes personnes, tu te rends compte que ça existe encore ! On a toujours une classe ouvrière, un classe moyenne et une classe bourgeoise !

Dan : Et la Oi! , c'était vraiment un mouvement ‘working class' ?

Roi : Carrément ! Les premiers punk rockeurs, les Clash et toute cette clique, c'était des étudiants de merde ! Ils se la jouaient artistes ! Pour moi, le punk rock, ce sont des gosses de la classe moyenne qui jouent du rock !

Dan (dubitatif... ) : Enfin, les Clash ont écrit pas mal de chansons sur la vie dans la ‘working class' !

Roi : Oui, bien sur ! ‘White riot', ‘Clash city rockers'... Joe Strummer était un bon gars, mais pour moi, cette musique s'adressait aux gosses de riches... La musique de rue et pour les gosses de rue, ça a été la Oi! !

Ben : Tu as été dans la scène punk avant la scène Oi !  ?

Roi : Oui, j'allais voir des concerts parfois... Mais après, avec des groupes comme Sham , les Rejects et toute cette vague, c'était autre chose !  ! Le seul truc, c'est que la politique n'aurait jamais du venir s'échouer dans ce mouvement. C'est une saleté ! Ca fout tout en l'air et ça divise les gens ! Idem pour la religion ! Merde aux deux !

Dan : Justement à propos de politique, c'est plutôt l'extrême-droite qui a foutu la merde dans cette scène ! Quand tu vois un groupe comme Angelic Upstarts , ils étaient très...

Roi : ... à gauche. Oui, ils étaient très à gauche ! Ils traînaient autour de la Sham Army , puis des Rejects puis ensuite, quand ça s'est terminé, ils ont suivi les groupes skins qui arrivaient, les 4-Skins et Last Resort , avec leurs idées. Du coup, comme ils traînaient autour de nous, on a eu les retombées de leur action ! Toute l'origine du problème se situe dans des trucs pareils ! Ils prônaient leur message dans notre dos... Vous voyez ce que je veux dire ?

Ben : Vous ne leur avez rien dit alors ?

Roi : Non, on ne voulait pas dire aux gens de prendre tel ou tel chemin ! On détestait les bourgeois et c'est tout ! Après ça, c'est sûr, un groupe est étiqueté en fonction de ses fans...

Ben : J'ai lu que tu as joué dans Anti Nowhere League . Comment vois-tu ce groupe, parce qu'il représente quand même un autre côté de la scène punk...

Roi : Ce n'est pas moi, c'est Keith... (ndr : j'avais compris…)

Keith : Oui, c'est bien différent des Resort ...

Roi : Et puis je ne discutais pas d' ANL , des Clash et du début des années 80, mais des Upstarts et de trucs plus vieux...

Dan : Et que penses tu de l'action de Roddy Moreno d' Oppressed . Il a fait des reprises de Last Resort. Tu penses quoi de son action avec le SHARP contre la scène fasciste dans les années 80 ?

Roi  : Tu sais, après avoir joué un an avec les 4-Skins , j'ai totalement délaissé la scène Oi! . Je ne sais pas si ça a un sens, mais je suis incapable de te répondre à cette question.

Ben : Toujours à propos de politique, il y a un sujet qui revient dans les paroles : Thatcher ! (‘We rule Ok')

Roi : Oui, elle a conduit le pays dans l'abîme en manipulant tout le monde. Les politiciens dirigent toujours leur pays vers la catastrophe d'ailleurs ! Quelqu'un m'a dit aujourd'hui : ‘Hey Roi, en France aujourd'hui, on a la même politique que vous aviez avec Thatcher et les conservateurs'. Je pense que c'est caractéristique !

Dan : Tu ne penses pas que l'Angleterre paie maintenant davantage le prix de la politique de Thatcher, par exemple avec les chemins de fer...

Keith : Oui...

Roi (qui répond bien à côté de la plaque !  ! ) : Tu vois, c'est les médias qui ont détruit ce mouvement. Ils ont essayé de le tuer, de l'aveugler. Mais tu ne peux pas ignorer un groupe !

Dan : Pendant les grèves des mineurs (1984/85) ou des dockers, des skinheads se sont impliqués en politique...

Roi : Oh, le mouvement des mineurs... C'est autre chose ça ! Mais pour répondre à ta question, je ne sais pas, je n'étais plus dans ce milieu. C'était après Last Resort et 4-Skins ...

Ben : Ok, toujours à propos des paroles, parce que tu n'as pas vraiment répondu ... Tu penses qu'elles sont encore d'actualité ?

Roi : Plein de gens ont le même état d'esprit que nous avions. Surtout ces gosses qui vivent dans les banlieues où je vis. Les paroles sont encore d'actualité, elles parlent de la vie dans la rue, des frustrations... Tout ce que tu dois espérer ne viendra que de toi... Des années ont passé, mais les choses n'ont pas changé tant que ça. La vie n'est pas très différente qu'il y a 20 ou 23 ans ! (Rire) Et ça ne changera jamais, que ce soit la gauche ou la droite au pouvoir. Si tu les regardes tous les deux, tu te rends compte qu'il n'y a pas de grandes différences. Je crois même qu'avec Blair, qui est supposé être de gauche, la politique n'a jamais été aussi à droite...

Dan : Vous avez des chansons qui traitent de la fierté d'être Anglais. Tu ne crois pas que ça peut être dangereux, par exemple quand votre gouvernement décide d'entrer en guerre...?

Roi  (assez agressif) : Et vous, vous n'êtes pas fier de votre pays ?

Dan/Ben : Pas quand il s'agit de guerre !  !

Dan : Je pense que tu as mal compris ma question ! Je ne parle pas de la fierté que tu peux éprouver d'habiter quelque part, mais de l'usage qu'un gouvernement peut en faire!

Roi : Je ne suis pas fier du gouvernement britannique, avec tous ses mensonges. C'est ce qu'ils ont fait avec toutes leurs histoires d'armes de destruction massive. Mais je suis fier de mes racines, de l'endroit d'où je viens, qu'il soit bon ou merdique ! Je suis plus fier de ma langue, de notre foot et rugby que de notre politique...

Dan : ... et de vos pubs...

Roi : Oui ! Mais j'ai horreur de la politique ! C'est le bordel !

Ben : Il y a une chanson sur Johnny Barden. C'était qui ?

Roi : C'est un gars qui a tué une famille, il avait 19 ans et j'ai écrit une chanson sur lui.

Ben : Pourquoi vous n'avez pas joué ‘Skinhead in Sta-press' à Berlin ?

Roi : Soyons honnête, cette chanson est liée à une période où tout le monde, les médias et les journalistes pensaient que nous étions nazis juste parce que nous étions skins...

Mais bon, parlons un peu d'autre chose maintenant... Je vais vous présenter un peu les membres du groupe. C'est quand même un peu plus d'actualité ! Là, vous avez Keith Hillyer, le guitariste. Il jouait avec moi dans les Heavy Metal Outlaws. Là, c'est John Pearce, le bassiste et sans lien de famille avec moi, il jouait avec ANL il y a 7 ans. Et enfin Chris John, le batteur. C'est le meilleur batteur que Last Resort ait jamais eu ! Il a fait quelques concerts avec Keith et moi aux USA...

Dan : Vous avez déjà enregistré quelque chose ?

Roi : Oui, mais ça n'est pas encore sorti. On prévoit de sortir tout ça en Mars.

Dan : Sur quel label ?

Roi : Chez Harry May Rec.

Ben : Ok ! Et ça t'a fait quoi de chanter devant tous ces jeunes et vieux skins d'Allemagne et d'Europe ?

Roi : C'était génial ! Fantastique ! Vraiment génial !

Ben : Oui ! Et comment es-tu devenu skinhead ? Comment es-tu rentré dans ce mouvement ? Je sais que tu étais fan de Madness ...

Roi : En fait je traînais vers la boutique Last Resort ... vers la fin des années 70 peut-être...

Dan : L'ancienne génération de skinhead était plus impliquée dans le ska et le rock steady, alors que la nouvelle était plus branchée par le punk et la Oi ! ... C'est vrai ça ?

Roi : Le public était mélangé !

Keith : Beaucoup de gens qui écoutaient des groupes genre Sham 69 ont bougé ensuite vers le ska avec Madness , Selecter ...

Roi : Oui, quand les choses ont commencé à devenir irrationnelles, avec tous ces trucs nazis, les gens ont bougé de la Oi ! vers le ska, car il y avait des blacks dans ces groupes...

Keith : Oui, des blacks. Du coup, il n'y avait pas de nazis dans ces endroits !

Roi : Je suis allé aux USA il y a 4 ans et je me suis fait aborder par un skin black. Il me parle de l'album de Last Resort et me dit ‘C'est un putain de bon groupe ! '. Pour moi, les gens sont les gens, je me fous de leur race ou de l'endroit d'où ils viennent ! C'est un bol d'air frais tout ça ! C'est chouette d'avoir la chance de pouvoir revenir ! Je suis revenu vers la scène punk il n'y a que 4 ou 5 ans, ça faisait 10/15 ans que je n'avais pas assisté à un concert punk !  !

Ben : Vraiment ? Pendant tout ce temps, tu allais au foot ?

Roi : Oui ! Et je compte bien assister à des matches aussi longtemps que je le pourrai !

Ben : Tu ne crois pas que c'est la même culture ? Il y a ce côté fierté de sa classe...

Roi : Oui ! Les paroles des chansons, le football... les deux sont en rapport, la violence aussi...

Dan : A propos de reggae, j'ai interviewé Steeve Goodman (le parolier de ‘England belong to me'), il était skinhead depuis le début des années 70, il parlait aussi des skinheads de Brixton dans les années 80...

Roi : Oui, peut-être, mais moi je m'intéressais plus au rock. J'aime le reggae et quelques endroits, j'aime le ska des débuts - Prince Buster, Desmond Dekker, Lauren Aitken – les groupes classiques, les Specials , mais j'étais vraiment plus branché rock'n'roll ! J'aime l'énergie du rock ! Quand j'ai commencé, mes influences étaient Slade , Garry Glitter ... J'étais plus branché rock que ska !