SURVET SKIN

Tiré de « Une vie pour rien ? » l'additif 5.1 -Avril 2003

Survetskin ne ressemble à rien de ce qui sort en ce moment en matière de oi !, que ce soit pour la musique ou pour l'esprit et les paroles, et ce n'est pas plus mal. Ils ont enregistré 7 titres de très bonne qualité, oi ! rentre dedans mais pas bourrin, avec de bonnes guitares et deux chants. Ça sortira peut-être s'ils trouvent un label. Pour l'esprit, voilà un aperçu.

Les skins en survêtement, alors ça vient d'où?

C'était un truc entre nous, les répètes en survets, certaines personnes qui adoptaient cette dégaine, peut-être les skins du dimanche, qui ont trop de bide. C'était un gag décalé, l'air du temps : « Skinhead dans le vent, skinhead en survêtement ». Mais c'est également le skin de l'an 2000 : le voyou de la rue, en survet, bien tranquille dans ses baskets et son bomber. Le disque est dédié aux voyous d'hier et d'aujourd'hui.

Et de quoi parlent les textes ?

Le thème de la rue, on a une chanson sur Paris, ses Boulevards extérieurs… « Paris est une pute », ce n'est pas dans le sens péjoratif, on compare Paris à une pute pour tous les plaisirs nocturnes qu'on peut trouver, que ce soit à Pigalle ou sur les Boulevards, ce côté-là de la ville, le sexe, le vice, l'envie, le pognon, la crasse et la misère aussi de toutes ces filles. C'est la plus sucrée des salopes, on l'aime mais en même temps c'est terrible.

Il y a également pas mal de paroles sur les flics…

Le morceau « Survetskin » parle effectivement des flics, qui sont des voyous comme nous, qui dès qu'ils peuvent se font des plans de vice, se bourrent la gueule, pelotent les filles, essaient de te mettre la pression pour que tu craques et là ils te niquent … Nous on n'a pas de couleur, pas de bleu ou de vert contrôleur, car les gens qui présentent bien, comme eux ou les gars en costards cravates sont souvent de gros ripoux sans morale. De vrais bâtards planqués derrière un uniforme, et ils voudraient qu'on se prive d'un joint ou d'une soirée entre adultes consentants…

« Pop'oi ! », c'est un peu des flashes sur la vie des cités, la déprime, et la drogue et sur le fait qu'on se fout de la couleur ou de l'origine des gens, tout ce qui nous entoure nous enrichit. Le racisme c'est l'ignorance et la connerie (en français dans le texte ndr).

« 80's story » parle de sacrés lascars qu'on a connus de la génération d'avant. On leur fait une petite dédicace dans ce morceau.

Tu penses que les skins sont moins voyous maintenant ?

Non, il y a encore les mêmes cinglés, mais nous ceux qu'on a vus cinglés, on les connaît calmes maintenant, donc on en parle au passé, mais on aurait pu la faire sur des personnes actuelles. Il y a pas mal de thèmes un peu glauques en fait dans Survetskins, entre les putes, la drogue, les bastons, les mauvais plans.

C'est une réalité de la rue aussi…

Oui, et puis on voulait faire un truc un peu corrosif, qu'on assume, mais on n'a pas à rendre de compte, c'est comme ça, c'est Survetskin.

Vous n'avez pas vraiment fait de concerts avec « Survetskins » ?

Non, on en a fait juste 3, un au Patronage Laïque à Paris, un à Bordeaux et un à St-Brieuc. Ce n'est pas notre groupe principal, c'est surtout un ancien membre de Gundog qui avait monté ce projet à la base, et il a pioché dans deux groupes qui tournaient déjà et s'entendaient comme cul et chemise pour les réunir dans l'anonymat le plus total. Hélas, il a quitté le groupe juste avant l'enregistrement pour une blonde sans faux col. Mais on lui dédicace ce skeud quand même. On pensait quand même qu'on pourrait faire quelques premières parties, mais bon là ça va être un peu dur car un des chanteurs a fui à l'étranger.

Ça changeait quoi de faire vraiment un groupe entre potes, est-ce qu'on avance plus vite ou est-ce qu'on boit plus de bières ?

Dans un groupe, on s'entoure toujours de potes sinon ça tourne vite embrouille, mais on est toujours un peu cantonnés dans son style, là on s'est vraiment retrouvés à faire notre projet, aussi bien dans la musique que dans les paroles, et le fait de chanter en duo vocal été une expérience exceptionnelle ! C'était vraiment le fait de se retrouver avec ces personnes, sur la même longueur d'onde qui nous a le plus motivés, être ensemble était le plus important. Et on trinquait à la musique et à l'amitié.

Vous avez une photo en terroristes corses sur la pochette.

Oui, un clin d'œil même si leurs idées ne sont pas du tout notre problème. C'était plus le délire, tout le monde met des cagoules, nous aussi on va en mettre, mais à fond ! ! Libérez le rock'n'roll ou on enlève nos cagoules.